Le chantier de la maison Delacroix a démarré en juillet cette année. C’est une grande maison de type ossature bois, plantée à 1100 m d’altitude non loin du lac de Naussac. Une partie sera occupée à l’année, tandis qu’une autre est prévue pour l’accueil des amis, des enfants et petits enfants.

Avec une emprise au sol de 235 m2 le principe de fondations sur pilotis en béton armé permet de limiter l’impact de la construction sur la prairie. Les pilotis réduisent au minimum les terrassements, donnent plus de légèreté à la maison, imposante au vu de sa taille. Ils limitent aussi le coût de ces fondations.

Sur les pilotis repose le plancher bois du rez-de-jardin : structure principale en lamellé-collé, solivage en « I », panneaux OSB dessous et dessus. Cette épaisseur sera remplie de 32 cm de ouate de cellulose, soit une résistance thermique R d’environ 8 (ou encore une valeur U de 0,125). Les résistances thermiques des murs seront de R=6 et de R=9 dans la toiture.

L’étude thermique en simulation dynamique réalisée par ERE43 prévoit une consommation de 5,5 tonnes de granulés par an (équivalent de 15 stères de bois)

Rapportée aux 401 m2 habitables,  cette consommation représente 62 kwh/m2/an pour le chauffage (250 pour la moyenne nationale).

La consommation est si basse qu'il n’y a pas besoin de chauffage central : deux poëles à granulés suffisent pour chauffer chacune des deux parties, indépendantes thermiquement et fonctionnellement.

La ventilation double flux est couplée à un puits canadien pour assurer le préchauffage de l’air en hiver et, éventuellement, rafraichir en été.

Les pluies abondantes de la fin de l’automne, puis les neiges et le froid n’ont pas arrêté les méritants charpentiers de l’entreprise VALENTIN. Ils ont achevé le hors d’eau fin novembre.

A présent, ils posent l’isolation, par l’extérieur. Le bardage bois (mélèze) en lames horizontales sera posé au printemps.

Deux bâtiments annexes : un porche à l’entrée où garer les autos, ranger le matériel de jardin… et une piscine, blottie au Nord-ouest du terrain, abritée du vent par un mur courbe, enveloppant et protecteur.

La réception des travaux est prévue pour mai 2011.

Nous faisons cette semaine la mise à jour annuelle de notre blog.

Nous avons retenu huit projets à vous présenter parmi ceux réalisés depuis juillet l'an passé :

- moitié de projets neufs : trois maisons et un hangar photovoltaïque

- moitié de projets de rénovation : trois rénovations intérieures et un ravalement de façades.

  esquisse maison Gozzi, Lavaudieu

Que de chemin en seulement un an! Nous avons découvert de nouveaux matériaux, rencontré des artisans et des bureaux d'études, pris part à la naissance du réseau AVEC en décembre dernier, mis en place des échanges d'expérience avec des ingénieurs en recherche et développement...

visite de l'usine de briques monomur Imerys,

à Saint Marcelin en Forez, réseau AVEC

réunion plénière du réseau AVEC,

chambre des métiers du Puy en Velay

La grande découverte pour nous cette année, c'est le béton de chanvre. C'est un matériau qui nous paraît parmi les plus prometeurs, tant en neuf qu'en rénovation.

Ce mélange de paille végétale et de liant minérale possède des qualités très sous-évaluées dans les abbaques officielles, tant sur les plans thermiques, phoniques, hygrométriques... que sur son process et son énergie grise...

Le paille de chanvre, appelée chenevotte, provient pour le moment de chanvrières nordiste ou bretonne. Nous devrions avoir d'ici 1 à 2 ans du chanvre d'Auvergne AOC puisqu'il est réintroduit depuis 2008. En septembre cette année s'effectuera la troisième récolte de chanvre d'Auvergne. Tandis que la filière locale de la transformation se met en place, les agriculteurs fourbissent leurs outils et leurs méthodes... pour, nous l'espérons, un fort développement de cette filière écologiquement quasi irréprochable.

Le liant du béton de chanvre fait aussi l'objet de beaucoup de recettes différentes selon les fabricants ou les "écoles" : ciment prompt, chaux ou encore assemblage de plusieurs liants tels chaux, terre crue, platre et pouzzolane voire briques pilées...

  construction d'une maison en béton de chanvre à Langeac, maison Lafont

En Auvergne, nous avons un potentiel immense en matière d'écon-construction. Nous souhaitons que les choses continuent d'évoluer comme elles le font depuis 4 ou 5 ans : non pas vers une prise de conscience mais vers des passages à l'acte. Mettre en pratique, c'est bien mieux que les beaux discours et les bons sentiments.

Il est proprement scandaleux qu'on puisse encore proposer du chauffage central dans les constructions neuves alors qu'on sait parfaitement comment faire pour s'en passer.

Les fabricants d'appareils et les installateurs de chauffage de tout type ne nous trompent plus, EDF non plus. Ils roulent tous ensemble pour nous vendre le plus possible d'énergie. Il suffit de voir comment EDF a modifié ses tarifs depuis l'an passé : si on consomme davantage on paye moins cher son kilowattheure.... et on ose nous servir ça accompagné du slogan "l'énergie est notre avenir, économisons la!"

C'est à eux de faire évoluer leur métier, de remettre en cause leur savoir faire et leur culture, non aux gens de payer encore et encore pour leur incurie.

C'est ce que nous continuerons de faire en ce qui concerne notre métier d'architecte : remettre en cause ses habitudes, ré-interroger ses régles, l'aider à s'adapter à la nouvelle donne écologique.

  Alexis Monjauze, juillet 2010

Cette émission a été enregistrée par RCF Le Puy en Velay le 5 mai 2010. Alexis est invité par Stéphane LONGIN, animateur de radio. Il y est question d'éco-construction, d'économies d'énergies, d'énergies renouvelables, de matériaux sains et du réseau AVEC.

Ecouter l'interview ici.

La maison LAFONT est en cours de construction. Située à Langeac, elle est conçue en ossature bois avec remplissage en mortier de chanvre. Nous terminons en ce moment les soubassements maçonnés. Le charpentier montera l'ossature dans le prochain mois. Après lui, le maçon viendra bancher de chaque côté de l'ossature puis remplira ces banches avec le "mortier de chanvre".

Pour peaufiner et vérifier cette mise en oeuvre (une première dans le département!), nous avons réalisé aujourd'hui un test grandeur nature. L'entreprise VALLAT (maçon et mortier de chanvre) a procédé à la mise en oeuvre d'un mètre cube de mélange dans un morceau de mur et d'ossature bâtis sur le modèle de la maison LAFONT.

Voici quelques photos de ces tests :

une gachée bien dosée une heure après, le mur est décoffré. Le doigt s'enfonce peu dans la matière

décoffrage des 1000 litres mis en oeuvre après seulement deux heures

Le mortier de chanvre est plus souvent appelé "béton de chanvre". C'est en fait terme impropre : ce matériau n'a aucun raport avec du béton au sens où on l'entend en général. Il n'est pas porteur, c'est avant tout un isolant.

Le mortier de chanvre fait partie des bons, voire très bons matériaux en termes écologiques : il demande très peu d'énergie à la production, à la transformation et à la mise en oeuvre. Le chanvre est une plante rustique qui était présente partout en Haute Loire il y a plus d'un siècle.

Il possède des qualités isolantes comparables aux isolants synthètiques et chimiques (polystyrène, polyeuréthane, laine de roche etc...) ou aux isolants écologiques (laines de bois, de mouton, ouate de cellulose, plumes de canard etc...)

Il a d'autres qualités, rares : il est capable d'emmagasiner de la chaleur (ou de la fraicheur), et il apporte des ambiances sonores très appréciées pour leur douceur feutrée, il régule le niveau hygrométrique à l'intérieur de la construction...

 
Essai de murs en mortier ou béton de chanvre en Haute Loire
envoyé par alexis-monjauze. - L'info internationale vidéo.